P. André Manaranche, sj – le simple prêtre, cet incompris
P. André Manaranche, « Le simple prêtre, cet incompris »,
in Communio 6, novembre-décembre 1981.
« Il est (…) des jeunes dont la franchise et le classicisme paraissent insupportables comme une Fronde : l’usage antique n’a pas disparu de ce défaire des importuns dans une quelconque Sibérie, loin du soleil. De ce fait, bien des prêtres nous disent souvent qu’ils vivent dans l’oubli comme des gens sur lesquels l’autorité (plus réelle que jamais malgré le changement du parler et du paraître) a tiré un grand trait. Tout est organisé pour qu’on se passe d’eux et ce n’est guère agréable ».
« (Le simple prêtre) n’aime surtout pas être livré (…) ‘aux maires du palais’, c’est-à-dire ‘aux authentiques despotes du système para-épiscopal’ selon une formule de Jean-Luc Marion. La présence de ces derniers est souvent l’indice d’un clivage résolument établi dans le clergé : d’un côté ceux qui entrent dans la politique diocésaine et risquent d’y faire carrière dans la servilité, de l’autre des ‘personæ non gratæ’, les gens pas intéressants parce que hors de la ligne et donc sans aucun avenir » (p. 81).
« Saint-Père, donnez-nous qui n’aient pas forcément un profil de carrière, qui n’aient pas nécessairement pas transité par des points obligés du rallye des technocrates. Prenez de simples prêtres. Donnez-nous des hommes qui sachent se faire aider mais sans nous livrer aux bureaux ; sous-traiter mais sans démissionner (…). Donnez-nous des hommes non complexés qui ne se reprochent pas tout le temps d’avoir ‘perdu la classe ouvrière’ ou d’avoir porté une mitre. Donnez-nous des hommes libres face à l’opinion et prêts à piétiner la vaine gloire jusqu’au martyre de l’honneur plus difficile que le martyre du sang » (p. 85).
Publié par M. l’Abbé Cyrille Debris (texte fourni par M. l’Abbé Jean-Pierre Gac)