Compte-rendu de la retraite du 22 au 26 août 2016

Retraite du 22 au 26 août 2016 avec Son Excellence Mgr Athanasius Schneider

La retraite 2016 de l’Opus Sacerdotale à l’Abbaye ND de Fontgombault est à marquer d’une pierre blanche. Le nombre des participants avoisinait la quarantaine, dont la moitié était membre de l’Association. C’était presque le double de l’effectif des années précédentes. La moyenne d’âge était notablement inférieure à celle du clergé français. Les cheveux grisonnants étaient minoritaires. La diversité était à l’honneur, tant du point de vue des diocèses, communautés et instituts représentés, que des nationalités. Mentionnons le Canada et la République Démocratique du Congo. On le doit sans doute en bonne partie à la personnalité bien connue et si attachante du prédicateur : Mgr Athanasius Schneider, évêque auxiliaire d’Astana au Kazakhstan. La douceur de sa parole et son regard plein de bonté, son attitude paisible et son attention à chacun, non moins que sa fidélité à « la foi catholique reçue des Apôtres » et ses vigoureuses interpellations, ont conquis l’auditoire. Comment caractériser en quelques lignes cette belle retraite, sans préjuger du cheminement de la grâce dans les âmes ? Trois substantifs pourraient en rendre compte, trois « fils » qui se sont entrecroisés durant ces cinq jours ; ils expriment aussi la spiritualité de l’Opus Sacerdotale : Doctrina, Fortitudo, Pietas.

 

Mgr Schneider nous a d’abord rappelé, avec quelle force, la doctrine eucharistique de l’Eglise, formulée avec autorité dans sa grande Tradition. Il a largement cité, outre l’Ecriture et les Pères, saint Thomas d’Aquin, l’Imitation de Jésus- Christ, saint Pierre Julien Eymard… Les titres des entretiens suggèrent les étapes d’un parcours spirituel : « Quelle est ma fin ? » – Penser à ma mort – La vie surnaturelle – La vie intérieure et la Sainte Eucharistie – L’Amour de Jésus pour moi – Jésus mon Amour eucharistique – L’Institution de l’Eucharistie – Le culte de la Sainte Eucharistie – « Vere Dominus est in loco isto » : Le Seigneur est vraiment présent en ce lieu… et nous l’oublions si souvent… Il était bon que notre intelligence se laisse à nouveau impressionner par ces puissantes vérités de la foi qui nous fait vivre. Elles étaient orchestrées tout au long du jour dans les offices liturgiques tout pétris des paroles bibliques.

 

Il fallait que notre cœur aussi se laisse toucher. Devant la splendeur de la vérité, l’amour s’enflamme, se soulève. La « Doctrina » était exprimée avec tant de piété dans la bouche du pasteur ! A n’en pas douter, il nous livrait le trop plein de son cœur. Nous étions comme de petites brebis serrées autour de leur bon berger pour se laisser imprégner par lui de « la bonne odeur du Christ ». Ainsi, la « pietas« , née dans le silence recueilli – sans doute perfectible – des retraitants, se réchauffait à chaque causerie, introduite par le Veni Sancte Spiritus. Elle se prolongeait dans la récitation quotidienne du chapelet en commun, nous unissant au Cœur immaculé de Marie comme ses fils de prédilection. Elle se renouvelait six ou sept fois le jour dans la psalmodie monastique. Réunis avec les « solitaires » dans l’abbatiale, nous étions introduits plus avant dans l’éternelle action de grâce du Fils à son Père, culminant dans la célébration des Saints Mystères. La paisible piété bénédictine est un remède bien adapté à notre époque agitée et surexcitée. Je pense à la beauté lumineuse du chant grégorien magnifiquement déployé dans cette maison de prière qui nous est chère. Dans l’incomparable office de matines, les deux chœurs alternent sans répit les versets des psaumes, recto tono. Mais voici que le rythme très soutenu de l’élocution se ralentit soudain et s’apaise dans le Gloria Patri. Un instant, l’âme touche au Port.

 

La foi et l’espérance ainsi affermis, il restait encore à fortifier – fortitudo – la charité fraternelle ou plutôt à nous laisser fortifier par l’éternelle Charité. A l’amitié divine, recherchée avant tout et fondement de toutes les autres, s’ajoutent volontiers des amitiés humaines, en priorité sacerdotales. « Un ami fidèle est un puissant soutien » (Sir 6, 14). L’une des raisons d’être des associations de prêtres est de développer entre eux ces liens fraternels qui les encouragent dans leur vocation. Les journées de retraite, avec les temps de récréation, offrent un espace favorable. Les « échanges de vues » après le chapelet furent aussi enrichissants. Plusieurs retraitants écrivains nous ont rappelé brièvement leurs publications. Les beaux témoignages de l’abbé Real BLEAU (Montréal) et des abbés Thierry MASSE et Adonis MALAMBA (RD Congo) nous invitaient à la compassion et à l’intercession. M. l’abbé BARTHE nous a parlé du prochain pèlerinage Summorum Pontificum à Rome du 27 au 30 octobre 2016. M. l’abbé SCRIVE, notre Prieur, et M. le chanoine TRAUCHESSEC nous ont informés de la vie de l’Opus Sacerdotale et de sa reconnaissance canonique par l’évêque de Fréjus-Toulon, avec les perspectives ainsi ouvertes. Deo gratias. Selon la coutume, le renouvellement des promesses sacerdotales, sobre et fervent, a eu lieu le dernier soir dans le chœur de l’abbatiale, ainsi que les nouveaux engagements dans l’Association.

 

Enfin, comme chaque année, Dom Jean Pateau, le TRP Abbé de ND de Fontgombault, a bien voulu partager un repas avec nous et nous parler de sa communauté. En 2016, elle a enregistré deux entrées, tandis que sa dernière « filiale » de Wisques a pris son autonomie en élisant son Père Abbé. Nous ne dirons rien de la cuisine monastique, roborative pour de jeunes organismes doués d’un réel appétit. Elle fut tout à l’honneur de ses auteurs, nonobstant une certaine tarte aux framboises qui restera dans les annales : c’était la Saint Barthélémy !

 

Pour répondre à l’attente qu’elle a suscitée et toucher un plus grand nombre de prêtres, cette retraite annuelle pourrait être dédoublée : une seconde se déroulerait dans le sud-est de la France à la période hivernale. En tout cas, la retraite d’été 2017 de l’Opus sacerdotale est prévue du 21 au 25 août. Rendez-vous l’an prochain, à Fontgombault où Notre-Dame du Bien Mourir – en Jésus-Christ – nous apprend aussi à bien vivre avec Lui.

 

Abbé Jean-François Amiot

Prêtre du diocèse d’Angers